Le phénomène de la désertification

Le phénomène de la désertification

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Définition de la désertification 


La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) dans son article 1.a définit la désertification comme étant «la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines « 

La CNULCD , est une des trois conventions de Rio avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la Diversité Biologique. Elle constitue à ce jour le seul instrument international juridiquement contraignant visant à lutter contre la désertification, la dégradation des sols et à atténuer les effets de la sécheresse.

Les causes et les conséquences de la désertification dans le monde et en Tunisie


Principales causes de la désertification

La Convention sur la lutte contre la désertification attribue l’origine de la désertification aussi bien aux variations climatiques qu’aux activités humaines. Elle insiste sur le fait que «la désertification est causée par des interactions complexes entre facteurs physiques, biologiques, politiques, sociaux, culturels et économiques».

Selon une étude de l’ONU, les déserts (chauds et froids) dans le monde couvraient 44% de la surface terrestre en 1977 contre 63% en 2000. Ceci traduit non seulement l’ampleur des territoires jugés sensibles à très sensibles à la désertification mais aussi l’évolution de leur emprise spatiale sous l’effet des divers facteurs naturels et anthropiques.

Le Programme des Nations Unies sur l'Environnement (PNUE) considère que :

  • 110 pays sont concernés par la désertification dans le monde ;
  • 47 % de la surface terrestre appartient aux zones sèches, soit une surface estimée à 6,45 milliards d'hectares ;
  • 33 % de la surface terrestre totale est menacée par la désertification ;
  • 25 % de la surface terrestre est déjà touchée par la désertification ;
  • 23 % de la surface de l'Afrique est constituée de déserts et 43 % de terres arides, semi-arides et subhumides ;
  • 480 millions d'hommes et de femmes sont touchés par la désertification à travers le monde ;
  • 1 milliard de personnes sont menacées ;
  • 10 millions d'hectares arables se dégradent chaque année ;
  • Entre 1997 et 2020, environ 60 millions de personnes quitteront les zones désertifiées de l'Afrique Sub-saharienne pour gagner le Maghreb et l'Europe.
  • - Aujourd'hui, plus de deux milliards d'hectares de terres auparavant productives sont dégradés

- Plus de 70% des écosystèmes naturels ont été transformés. D'ici 2050, cela pourrait atteindre 90%
- D'ici 2030, la production alimentaire nécessitera 300 millions d'hectares supplémentaires de terres
- D'ici 2030, l'industrie de la mode devrait utiliser 35% de plus de terres - plus de 115 millions d'hectares, soit la taille de la Colombie

Le phénomène de la désertification provient de facteurs divers et interdépendants. Le facteur prédominant est la prédominance du contexte climatique aride. Ce facteur a contribué à induire et accroitre un autre facteur d’amplification du phénomène : l’affectation et l’utilisation inappropriée des terres et des ressources naturelles surtout pendant les dernières décennies.  En effet, la grande variabilité climatique qui caractérise ces territoires déjà vulnérables a influencé de manière plus ou moins profonde les modes de mobilisation et d’exploitation des ressources naturelles. Ces modifications, sous l’effet de l’accroissement démographique, des politiques agricoles, de la déstructuration sociale et des défaillances institutionnelles, la pauvreté, etc. ont atteints des niveaux excessifs qui conduisent à la désertification (Figure 1). 

La situation de la dégradation des terres et la désertification en Tunisie demeure préoccupante, elle est qualitativement bien décrit par beaucoup d'auteurs, mais demeure quantitativement peu précis et surtout non actualisé. Les formes de la désertification sont multiples, elles prennent l’aspect d’érosion hydrique et éolienne du sol, d’ensablement, de salinisation, d’hydromorphie et de dégradation du couvert végétal affectant ainsi la vulnérabilité des écosystèmes.

Globalement, plus des trois quarts de la Tunisie sont menacés par la désertification. Cette menace est importante surtout dans les milieux arides (Tunisie méridionale et centrale) et semi-arides (la Dorsale et une partie du Tell septentrional). Elle concerne respectivement 77,6% et 16,4% de l'espace de ces territoires (SNDD, 2014).

La dernière étude réalisée par le CNEA, a montré que le territoire national est  très sensible à la désertification pour 40,2 %, sensible pour 31,7 % et moyennement sensible pour 5,5 % .

Indépendamment des méthodes de classification employées et des indicateurs choisis, il est incontestable que la désertification est un phénomène très préoccupant qui est en phase de devenir menaçant à l'avenir. En effet, la carte de sensibilité à la désertification récemment réalisée en Tunisie a confirmé ce constat inquiétant. Elle considère que seulement 1% des sols de Tunisie est jugé stable, tandis que le reste est moyennement sensible à très sensible à la désertification.

Cette vulnérabilité intrinsèque est aggravée par l'effet de la combinaison de plusieurs autres facteurs actifs dont : l’érosion hydrique, l’érosion éolienne, la salinisation des sols, la dégradation du couvert végétal et les variations climatiques.

i) L’érosion hydrique

L’érosion hydrique engendre en Tunisie la perte annuelle de l’équivalent de 11.000 ha de terres productives et les différentes formes de désertification engendrent la perte d'environ 25.000 ha de terres de manière irréversible (SNDD, 2014). La superficie touchée par l’érosion hydrique est de 3,56 millions d’ha dont 71% sont fortement à très fortement érodés (MEDD/CNEA, 2007) et 50% menacées d’érosion aigue engendrant une perte de la fertilité (DG-ACTA, 2010). La superficie prioritaire est évaluée 2,718 ha millions d’ha qui représente 17,5% de la superficie du territoire tunisien (DGATA, 2017) et 28% de la superficie agricole totale du pays.

Actuellement, le niveau d'érosion hydrique dans le pays est jugé :

  • Fort pour 8 millions d’ha (soit 51.8% de la superficie totale du pays) ;
  • Moyen pour 0.4 millions d’ha (soit 10% de la superficie totale du pays) ;
  • Faible pour 6 millions d’ha (soit 38.2% de la superficie totale du pays).

ii) L’érosion éolienne

En Tunisie, l'érosion éolienne touche l'ensemble du territoire à des degrés plus ou moins importants. En effet, toutes les régions sont soumises, épisodiquement, à un régime éolien assez fort à fort. L'ampleur de ce phénomène dépend surtout de l’intensité et de la fréquence du vent et du type de la surface qui lui est soumise (dunes de sable, sols nus, secs, friable, de texture faible ou moyenne, en pente,…). C’est ainsi que les zones les plus touchées par ce phénomène se répartissent entre le Centre et le Sud du pays, particulièrement dans les steppes sableuses.

Les terres affectées par une érosion éolienne forte couvrent 7,356 millions ha et celles affectées par une érosion éolienne moyenne couvrent 4,792 millions ha. Les réalisations ont été toujours de loin faibles par rapport aux superficies menacées.

iii) Salinisation des sols et rareté des ressources en eau

Le large développement de l’irrigation en Tunisie (sur plus de 400 000 ha) est une réponse aux impératifs de la lutte contre l’aridité et l’amélioration des potentialités agricoles. Ceci n’a pas été possible sans recourir de plus en plus à l’utilisation d’eaux plus ou moins chargées en sels qui induisent et amplifient le phénomène de la salinisation des sols.

Cette mobilisation accrue des ressources en eaux a conduit à la surexploitation des nappes phréatiques (56 nappes surexploitées), principalement dans la bande côtière (intrusion marine). En effet, le taux actuel d’exploitation des nappes a atteint 105% pour les nappes phréatiques et 80% pour les nappes profondes (DRE, 2005).

Les sols affectés naturellement par les sels en Tunisie couvrent environ 1,5 million d’hectares soit à peu près 10% de la surface du pays (Hachicha et Job. 1994). Mais c’est la salinisation « anthropique » des sols, par l’entremise de l’irrigation, qui inquiète le plus compte tenu de leur intérêt économique de ces sols. La superficie des sols salinisés par l’intermédiaire de l’irrigation est de l’ordre de 10 mille ha (Daghari, et al. 2012). Les oasis en particulier, couvrant 41710 ha soit 9% des périmètres irrigués (GIZ, 2012), sont sujettes à des problèmes de salinisation différenciées selon la zone. La salinisation des sols provient d’abord de l’utilisation de l’eau salée dans l’irrigation et accentuée par le faible drainage. Selon la GIZ en 2014, l’irrigation avec de l’eau de 3,5 g/l de sel est responsable d’au moins 60 tonnes/ha de dépôt de sel qu’il est très difficiles à évacuer si le drainage est non efficient.

iv) La dégradation du couvert végétal

Le couvert végétal en Tunisie a connu des dégradations importantes.

Il  fut ramené de 3 millions d'ha, au début de l'ère chrétienne, à 1,25 millions d'ha au début de l'occupation française (1881), puis à 1 million d’ha en 1929 (Debière, in Boudy ; 1950) pour atteindre seulement 368.000 ha à l'avènement de l'indépendance (1956).

Les steppes alfatières ont régressé de 1,112 millions d'ha en 1885, à 743.000 ha dont seulement 433.000 ha aménagés, actuellement.

Les autres formations para-forestières telles que les maquis, les garrigues et les différentes steppes formant les parcours naturels ont connu une évolution jugée de dramatique.

Cette régression du couvert végétal naturel est le résultat de la conjugaison de plusieurs facteurs dont le plus important est le défrichement pour la mise en culture. En 1922, l’occupation agricole était estimée à 1,2 millions d’ha (pour 2 millions d’habitants). Elle est actuellement de l’ordre de 5 millions d’ha (pour 10 millions d’habitants).

Outre la mise en culture pour les besoins des activités agricoles, d’autres facteurs anthropiques ont contribué à la dégradation qualitative des formations forestières et para forestières: il s’agit notamment des incendies volontaires et/ou accidentels, du surpâturage et des prélèvements ligneux.

Ainsi, la fonction de réserve foncière qu’assume tout espace occupé par la végétation naturelle a été sollicitée à outrance et continue à l’être actuellement notamment au niveau des formations steppiques et plus particulièrement les steppes alfatières qui sont les plus vulnérables à la désertification.

Dans le PAN/LCD (2018 – 2030) il a été rapporté une dégradation de l’ordre de 2.2 million d’ha émanant du changement d’occupation des sols, du déclin de la productivité des terres et la perte du stock de carbone de sol :

- les superficies des forêts et autres formations forestières (maquis et garrigues arborés) qui n'occupent que 6% du territoire national, ont chuté respectivement de 27100 ha et 504300 ha durant la même période, soit une régression respective de 4% et 10%.
Les terrains non viabilisés, quant à eux, ont enregistré une augmentation de 177200 ha durant les 20 dernières années (augmentation de 4%). Au total, il y a eu 738600ha de terres qu’il va falloir restaurer, toutes occupations confondues.

- la « Productivité est en baisse » et qui couvre une superficie de l’ordre de 1437300 ha, soit 10% des terres.
- Le « Stock de carbone dans le sol et au-dessus de celui-ci », qui correspond à la quantité de carbone contenue dans la litière et dans les divers horizons du sol
(ReSaD, 2017), est aussi en régression. Mais actuellement, cette information n'est pas disponible à l'échelle nationale et de fait tout effort d’opérer des arrangements basés sur des hypothèses compensatoires sera contraint par l'indisponibilité d’un minimum de données. En attendant une définition plus précise de cet indicateur, nous avons retenu pour cible les surfaces ayant observé des pertes nettes du potentiel de séquestration du carbone dans les sols. Ceci a concerné essentiellement les espaces ayant subis des dynamiques régressives tels que les forêts, arbustes et prairies qui ont évolués vers des terres non viabilisées. Il s'agit de 177217 ha qui correspondent à des zones situées surtout dans les milieux arides où les conditions climatiques sont les moins clémentes et les conditions socioéconomiques les plus précaires.

v) La pollution des sols

Les problèmes de dégradation des sols ont été perçus essentiellement d’un point de vue qualitatif qu’il s’agisse des relations agriculture-forêt, agriculture-urbanisation, ou désertification. Mais le développement économique, à travers l’industrialisation et ses déchets, l’intensification de l’agriculture avec l’utilisation parfois abusive des engrais et pesticides,…, posent un problème de nature qualitative. L’amplification des dégradations physiques, chimiques des sols en général et ceux soumis à l‘irrigation en particulier ont remis en cause de manière sérieuse le rôle de filtre, de support de vie et aussi d’outil économique qui remplit le sol.

Les formes et les sources de contamination des sols sont diverses et variées les rendant quelques fois impropres à l’exploitation voire même nocifs pour la vie des hommes et des écosystèmes. L’agriculture, les activités domestiques et les activités industrielles sont les principales sources de  pollution des sols. Chacune de ces sources apporte son lot de polluants (i.e. pesticides et engrais pour l’agriculture, décharges et boues d’épuration pour les activités domestiques et déchets solides, liquides et gazeux dégagés par l’industrie).

Ces problèmes émergents de pollution des sols altèrent leur capacité de production et de séquestration du carbone, la réduction des formes de biodiversité qu’ils contiennent, l’anéantissement du rôle de filtre qu’ils jouent et la qualité des eaux souterraines. Ces effets ont imposé, en Tunisie, une autre vision du rôle des sols par rapport à la production agricole et à l’environnement. Leur protection et conservation sont ainsi devenues prioritaires. Les efforts consentis pendant les deux dernières décennies sont considérables mais demeurent insuffisants devant l’ampleur du phénomène. Un effort supplémentaire doit être déployé pour redonner aux sols tunisiens les rôles qu’ils se doivent d’assurer pour nourrir les hommes et contribuer à la protection de l’environnement.

Conséquences de la désertification en Tunisie : importance et territoires concernés

La dégradation des sols, les déséquilibres hydrologiques, les pertes de productivité agricole, la pauvreté, les conflits, l’accentuation des inégalités dans l’accès aux ressources entre les hommes et les femmes, l’exode et les migrations… constituent autant de conséquences de la désertification.

En Tunisie, les trois quarts du territoire national sont soumis à une désertification aux conséquences désastreuses.  Les sols de la Tunisie septentrionale sont tous confrontés à de graves problèmes d'érosion hydrique. Le manque de restitution organique (fumier, paille...) accentue l'appauvrissement des sols en humus et entraîne leur dégradation aussi bien physique que chimique.

Les sols des plaines, sous irrigation, risquent la dégradation chimique, la salinisation, suite à l'irrigation à partir des eaux saumâtres sans drainage suffisant pour lessiver les sels.

Les différentes unités territoriales de la Tunisie centrale sont confrontées à des problématiques d'extension de l'arboriculture dans les steppes sableuses, ce qui déclenche l'érosion et aboutit à la salinisation secondaire des sols.

La Tunisie méridionale est à vocation pastorale et la mise en culture des steppes par le développement de l'oléiculture et de la céréaliculture est à l'origine de la désertification des parcours naturels qui se transforment en reg de pierres et en dunes de sable par les accumulations.

Les pertes en terres agricoles causées par la désertification en Tunisie sont estimées à plus de 20.000 ha/an (GTZ, 2010) ce qui engendre annuellement de sérieux déficits au niveau de la production agricole et entrave sérieusement la durabilité de l’activité agricole.

Indépendamment du secteur agricole, les domaines forestiers et pastoraux subissent eux aussi les conséquences de la désertification. Les écosystèmes forestiers tunisiens sont actuellement dans des conditions de dégradation avancée  couvert végétal insuffisant, structure déséquilibrée et une fonction productive très faible). Il n'est pas certain que le bilan reboisement-déboisement soit tout à fait positif, malgré les programmes ambitieux et au regard des pertes nettes en termes de biodiversité végétale. Le surpâturage par les troupeaux d’ovins et de caprins des populations forestières riveraines freine la régénération naturelle et amenuise la superficie forestière.

Parmi les effets socio-économiques majeurs de la désertification on cite l’amplification de la pauvreté des populations rurales et forestières. Le  manque de diversification de l’économie engendre souvent soit une exploitation excessive des ressources aggravant la désertification et l’exode qu’il soit temporaire ou définitif.

Effet amplificateur du changement climatique sur la désertification


Le réchauffement climatique favorise et amplifie les effets de la désertification. Depuis 1951, les températures moyennes ont augmenté de 0,6-0,7°C au niveau de la planète. D’ici 2035, ces températures pourraient gagner encore entre 0,3 et 0,7°C (par rapport à la période 1986-2005). Vers la fin du siècle, ces augmentations peuvent atteindre jusqu’à 1,5 °C, en comparaison avec le réchauffement enregistré entre 1850 et 1900. Aux mêmes horizons, d’autres prévisions annoncent, pour les régions arides des augmentations de températures entre 2 et 5°C. De nombreuses régions, en particulier les régions menacées par la désertification, risquent de recevoir moins d’eau, et  leurs rythmes pluviométriques seront perturbés. Ainsi, le changement climatique risque d’aggraver une situation déjà défavorable et les conséquences pourraient être graves, surtout qu’elles se manifesteraient concomitamment en hypothéquant les structures sociales, politiques et économiques actuelles.

Les récents travaux sur les changements climatiques réalisés en Tunisie prédisent la recrudescence de deux phénomènes extrêmes : la sécheresse et les inondations. Pendant la période 2011‐2070, la variabilité, déjà élevée, pourrait augmenter en moyenne de 5 à 10% par rapport au siècle passé. L’augmentation de la température se situerait entre +0.8°C et +1.3°C à l’horizon 2020, et s’accentuerait en 2050 pour atteindre +1.8°C et +2.7°C du Nord au Sud du pays. A l’horizon 2020, la baisse des précipitations varierait selon les zones de -5% à -8%. A l’horizon 2050, cette baisse s’accentuerait et serait de -10% à -30%. A l’horizon 2050, les projections réalisées prévoient une augmentation moyenne du niveau de la mer de 50 cm.

Le modèle régionalisé utilisé pour les projections climatiques aux horizons 2030 et 2050 présente des résultats différenciés pour le Nord, le Centre et le Sud de la Tunisie. Ces trois régions ont, en effet, des caractéristiques naturelles et socio-économique différentes. Les régions du Centre et du Sud connaîtront les situations climatiques les plus stressantes.

Sur l’ensemble du pays, les impacts de ces changements sur la disponibilité en eau se traduiront essentiellement par la baisse des ressources en eau souterraine (-28%) et de la qualité (salinité) de l’eau disponible. Les ressources en eau de surface seront légèrement affectées (-5%). Concernant les écosystèmes naturels, les forêts du Nord du pays feront face à des risques de grands incendies, tandis que la chute de leur  résilience engendrera la dégradation des sols, le déclin des produits traditionnels et l’appauvrissement des services écologiques. Un résultat lourd de risques pour l’économie du pays et par voie de répercussion pour les équilibres naturels et sociaux. Ce constat est d’autant plus préoccupant que ce sont les espaces actuellement fortement menacés par la désertification qui sont les plus menacés par ces effets négatifs.

Les récentes études portant sur la vulnérabilité de certains écosystèmes naturels face au changement climatique (subéraie au Nord, alfa au Centre et parcours à Rhanterium dans le Sud) n’ont fait que confirmer ces tendances. La vulnérabilité est élevée à très élevée pour presque les ¾ de la subéraie tunisienne à l’horizon 2050 et ce en particulier pour les subéraies des Mogods et celle d’El Feija. Seule la subéraie centrale d’Ain Draham et ses environs proches semble être épargnée des effets du changement climatique.

Le coût de dégradation de la désertification


La désertification et la dégradation des terres réduisent considérablement la productivité des terres à l’échelle locale, nationale et régionale.

La perte de services écosystémiques se manifeste entre autres par la diminution de la fertilité des sols, de la capacité de séquestration du carbone, de la production de bois, de la recharge des nappes phréatiques, des possibilités de chasse et de pâturage et le tourisme. Tous ces facteurs influent directement sur l’économie des pays touchés par la dégradation des terres.

Jusqu’à présent, la plupart des travaux sur l’économie de la désertification se sont concentrés sur les baisses dans les services fournis par les écosystèmes touchés, c’est-à-dire les coûts directs de la baisse de productivité dans les systèmes de culture ou d’élevage. Les répercussions de la désertification sur les écosystèmes vont toutefois au-delà des services fournis et touchent également les services de régulation et les services culturels.

En Tunisie, la Banque Mondiale en 2003 a fait état d’un impact économique de la dégradation de l’environnement de l’ordre de 2,1% du PIB (référence 1999). Comparé à d’autres pays d’Afrique du Nord, ces valeurs sont parmi les plus faibles : Maroc (3.7% du PIB), Algérie (3.7% du PIB) et Egypte (4.9% du PIB).

  


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