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Stratégies et politiques  nationales liées au PAN-LCD 2018-2030


Plusieurs stratégies ont été soit élaborées ou mises à jour récemment touchant les principaux domaines stratégiques du développement durable et la gestion des ressources naturelles, en rapport avec la lutte contre la désertification. Ces stratégies comprennent la Conservation des Eaux et des Sols, des forêts et parcours, de la biodiversité, des eaux, des oasis, et la lutte contre le changement climatique.

Stratégie de conservation des eaux et du sol 2030

La Direction Générale de l'Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles (DG-ACTA) vient d’achever sa nouvelle stratégie de conservation des eaux et du sol à l’horizon 2030 visant à aboutir à terme à des territoires ruraux prospères. Ceux-ci doivent appuyer leur développement sur une agriculture productive gérant durablement les ressources naturelles et résiliente au changement climatique. Cette agriculture est établie grâce à des pratiques de CES orientées vers la production et mises en œuvre et partagées par les agriculteurs.

A la différence des stratégies de CES précédentes (1990-2001 et 2002-2011), cette nouvelle stratégie innove dans les approches et outils de sa mise en œuvre. En effet, ses actions et activités seront réalisées avec une vision territoriale et une approche d’aménagement et de développement rural et non comme un programme sectoriel. Cette approche d'intervention intégrée est en conformité avec la vision transversale de la lutte contre la désertification et lui est complémentaire.

Les axes de cette stratégie comprennent deux composantes : celles d'ordre technique et celles de nature transversale.

La composante technique et le programmes d’aménagement qui en découlent ont été territorialisé à l'échelle du gouvernorat et basés sur l’identification des zones prioritaires d’intervention à l'intérieur de celles-ci. Au niveau national, la superficie prioritaire à aménager couvre 2 717 508 ha, soit 17,5% de la superficie du pays.

Les composantes transversales concernent le renforcement des capacités, les aspects juridiques et institutionnels, le financement et le monitoring.

 Stratégie nationale de développement et de gestion durable des forêts et des parcours 2015-2024

Contrairement aux anciennes Stratégies de Développement et de Gestion Durable des Forêts et des Parcours (SNDGDFP) qui, toutes, visaient la conservation et l'extension des espaces forestiers, la  stratégie  de développement durable des forêts et des parcours 2015-2024 vise à concilier la conservation des forêts et des parcours avec le développement socio-économique des populations. Elle encourage la participation des organisations communautaires et des propriétaires privés dans la cogestion des espaces et des ressources pastorales et forestières.

La stratégie a fixé cinq objectifs prioritaires : 

  • L’adaptation du cadre institutionnel et juridique du secteur et le renforcement des capacités pour améliorer la gouvernance forestière et pastorale ;
  • L’optimisation de la contribution du secteur au développement socio-économique et de réduction de la pauvreté, et ce par la protection et la valorisation des paysages agro-sylvo-pastoraux, la valorisation des produits forestiers et pastoraux et L’amélioration de l’implication des populations locales et du secteur privé par la mise en œuvre de mécanismes de cogestion et un appui au développement des filières des produits agro-sylvo-pastoraux ;
  • La définition et la mise en place d’un mécanisme innovant et attractif d’incitation à l’investissement pour augmenter le couvert arboré et valoriser les terres agricoles privées dégradées par des plantations arboricoles, forestières ou agro-forestières ;
  • Le maintien et l’amélioration des fonctions et des services des ressources du secteur notamment par l’amélioration des connaissances et le développement d’un dispositif national de suivi des forêts et parcours ;
  • La consolidation et l’amélioration du capital forestier et pastoral.

Toutefois, par rapport au domaine forestier, les parcours qui sont les plus menacés par la désertification n’ont pas eu l’importance qu’il faut dans la SNDGDFP 2015-2024. En effet, les plans d’aménagement des parcours collectifs SRF sur 150000 ha qui sont prévus et le programme prioritaire d’amélioration pastorale et de lutte contre l’ensablement sont très faibles comparés à la surface totale en parcours du pays qui sont mal gérés et font l’objet d’une dégradation intensive notamment dans le Sud du pays.

 Stratégie et plan d’action nationaux sur  la biodiversité  (SPANB 2018-2030)

Le nouveau Plan Stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 a été adopté lors de la COP10, à Nagoya au Japon, afin que les parties prenantes puissent actualiser leur Stratégie et Plan d’Action Nationaux sur la Biodiversité (SPANB) et les aligner sur les objectifs d’Aichi.

La stratégie et plan d’action nationaux pour la biodiversité 2018-2030 (SPANB) actualisés visent que d’ici 2030, la biodiversité du pays soit  résiliente aux changements climatiques, à l’abri des menaces, conservée et gérée de manière à contribuer durablement au développement socio-économique du pays. Le SPANB vise :

  • la réduction du rythme de l’appauvrissement des éléments constitutifs de la biodiversité avec ses trois niveaux hiérarchiques (écosystèmes, espèces et diversité génétique) ;
  • L’utilisation durable de la diversité biologique ; la réduction des principales pressions qui pèsent sur la diversité biologique, exercées par les pressions anthropiques, les espèces exotiques envahissantes, les changements climatiques, la pollution ;
  • La préservation des écosystèmes et des services rendus par leur biodiversité ;
  • La protection des connaissances, innovations et pratiques traditionnelles et le partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques ;
  • La mobilisation des ressources financières pour la biodiversité ainsi le renforcement des capacités en matière de biodiversité.

La stratégie a développé cinq priorités nationales déclinées en 15 objectifs stratégiques, 40 objectifs cibles et 48 actions à mettre en œuvre d’ici 2030 : (i) Priorité 1, Renforcer les capacités de mise en œuvre et de suivi de la SPANB ; (ii) Priorité 2, Intégrer les valeurs de la diversité biologique dans l’ensemble des politiques nationales et de la société ; (iii) Priorité 3, Développer le savoir et valoriser le savoir-faire traditionnel ; (iv) Priorité 4, Réduire les pressions et les menaces sur la biodiversité et promouvoir son utilisation durable ; (v) Priorité 5, protéger et restaurer la biodiversité, améliorer la résilience des écosystèmes et renforcer leurs services écosystémiques.

Synthèse Stratégie 

 Stratégie « Eau 2050 »

La Tunisie fait partie des pays du Sud de la Méditerranée où les ressources en eau constituent l’un des biens écologiques les plus menacés. Environ le quart de ces ressources proviennent des nappes fossiles et sont, de ce fait, épuisables. Les ressources renouvelables subissent les effets d’un climat déjà contraignant et qui risquent de s’accentuer sous les effets du changement climatique, et ce en sus d’une pression humaine de plus en plus croissante (besoins agricoles, industrielles, domestiques,..).

La sécurisation hydraulique du pays est érigée comme priorité nationale que le PAN-LCD aborde en s’alignant aux stratégies existantes. Toutefois, il n’existe pas à présent une stratégie définitivement adoptée par l’Etat pour qu’on puisse s'y aligner en termes de gestion durable et de sécurisation des apports en eau. A cet effet, l’Etat a engagé récemment une procédure pour l’élaboration d’une stratégie appelée « Eaux 2050 » et le plan d’actions correspondant. Cette stratégie reprendra normalement les objectifs et les axes qui reflètent les soucis majeurs de la sécurité alimentaire du pays et les impératifs d’une gestion durable et intégrée des ressources en eaux. A cet effet, les orientations futures de la stratégie « Eaux 2050 » seront axées sur : La poursuite du programme de mobilisation des ressources en eau ; la gestion intégrée de ces ressources ; la gestion de la demande ; le développement des ressources non conventionnelles  et la protection et sauvegarde de toutes les ressources.

 Stratégie de développement durable des oasis 2030

Les oasis sont des espaces de vie et de production dont la contribution à l'économie nationale, la sécurité alimentaire du pays et des sociétés n'a cessé de croitre depuis des siècles. Cependant, la conjoncture actuelle montre les limites de ce système en raison notamment de l’évolution socioéconomique des sociétés oasiennes et de la dégradation des ressources en eau. Cette menace, préoccupante aujourd’hui, risque à moyen et à long terme de perturber l’équilibre de ce système de manière significative à cause du changement climatique.

Pour sauvegarder cet écosystème hautement riche et stratégique, le Ministère chargé de l’environnement a élaboré en 2015 une Stratégie et Plan d’Action de Développement durable des Oasis .  Il englobe neuf Axes/Objectifs qui visent tous la lutte contre la désertification et la dégradation des terres soit de manière directe ou par effets induits. Les objectifs visent :

  • L’amélioration de la gouvernance des oasis et l’implication de toutes les parties prenantes dans la mise en œuvre de la stratégie ;
  • La protection, gestion intégrée et l’économie d’usage des ressources en eau dans les oasis ;
  • La réhabilitation et la préservation de la biodiversité végétale et animale de l’écosystème oasien ;
  • La protection de l’environnement des espaces agricoles et urbains des oasis, et l’amélioration du cadre de vie des populations oasiennes ;
  • La gestion, préservation des terres agricoles, lutte contre la désertification et l’aménagement durable de l’espace urbain oasien ;
  • La réhabilitation de la productivité et le  maintien d’un système d’exploitation viable et écologique en restaurant l’écosystème oasien ;
  • La création et la consolidation d’activités génératrices de revenus et la promotion de l’économie sociale solidaire ;
  • La réhabilitation et la consolidation des valeurs patrimoniale, paysagère, socioculturelle et touristique des oasis ;
  • La gestion des risques et l’adaptation des oasis aux changements climatiques.

 Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique

La Tunisie est un hotspot avéré du changement climatique en Afrique du Nord. Elle subit les effets négatifs de ce phénomène planétaire sur les plans économique, social et environnemental. Les différents modèles et prévisions climatiques globaux et/ou régionaux indiquent i) une élévation probable des températures, ii) une baisse des précipitations moyennes annuelles combinées à des perturbations des saisons et iii) des effets extrêmes récurrents.

La récente étude réalisée par l'Institut National de Météorologie a confirmé ces tendances (INM 2015). Face à ces défis, la protection des terres contre les dégradations et la lutte contre la désertification demeurent des enjeux de taille qui s’inscrivent dans la problématique d’adaptation de l’agriculture et des écosystèmes. C'est dans ce cadre thématique que se sont inscrits la stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture et des écosystèmes aux changements climatiques élaborée par le MARHP et les autres études récemment effectuées ou en cours tels que les Plans Nationaux d'Adaptation (PNAs).

Stratégie du développement durable 2014-2020

L’objectif 15 des ODD et sa cible 15.3 exhorte les pays à, « lutter contre la désertification, restaurer les terres et sols dégradés, notamment les terres touchées par la désertification, la sécheresse et les inondations, et s’efforcer de parvenir à un monde sans dégradation des terres »

La stratégie nationale du développement durable élaborée en 2014, même s’il a peiné à mettre en œuvre cet objectif,  a tenu compte de cet aspect et l’a considéré comme une composante du développement durable. La stratégie a pour défis de :

  •  Instaurer une consommation et une production durables intégrant le concept d’économie verte ;
  •  Promouvoir une économie performante, renforcer l’équité sociale et lutter contre les disparités régionales ;
  •  Gérer durablement les ressources naturelles ;
  •  Promouvoir un aménagement du territoire plus équilibré s’appuyant sur un transport performant et durable ;
  •  Promouvoir une meilleure qualité de vie pour les citoyens ;
  •  Développer l’efficacité énergétique et promouvoir les énergies renouvelables ;
  •  Renforcer les capacités d’adaptation au changement climatique ;
  •   Promouvoir la société du savoir ;
  •  Adapter la gouvernance pour une meilleure promotion du développement durable.

 


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Plans d’Actions Régionaux de Lutte Contre la Désertification (PARLCD)


L’UNCCD déclare que les communautés locales qui sont les premières victimes de la désertification en zones arides, devraient être les bénéficiaires principaux, les décideurs et les exécuteurs les plus importants des plans d’action nationaux en particulier au niveau local.  Pour assurer la productivité à long terme des zones arides dégradées et habitées, garantir les moyens d’existence des communautés locales et renforcer les actions du PAN-LCD, la Tunisie a engagé une planification participative impliquant tous les acteurs des régions les plus touchés par la désertification. Ainsi, le PANLCD a été décliné en plusieurs PARLCD (Programme d’Action Régional de Lutte Contre la Désertification) pour les régions les plus touchées par la désertification.

Les PARLCD dont la mise en œuvre devrait conduire à des améliorations des conditions de vie dans les zones arides, ont pour objectifs i) de sensibiliser, former les acteurs de deux genres et les communautés  locales aux enjeux de la LCD, ii) de renforcer les capacités institutionnelles et individuelles et iii) de stimuler leur engagement dans des approches adéquates de gestion durable des écosystèmes et des ressources naturelle et iv) l’amélioration de la coordination des efforts de lutte contre la désertification aux niveaux, national régional et local et  v) l’utilisation  des techniques et des méthodes appropriées et l’échange d’information et d’expérience en matière  de LCD.

L’élaboration des PARLCD, pour prévenir et lutter contre la désertification,  s’est appuyée sur une démarche concertée i) de diagnostic des problématiques de gestion des ressources naturelles régionales, ii) de développement socio-économique et iii) d’identification d’actions prioritaires de LCD intégrant les composantes environnementales, sociales, économiques et de gouvernance.

Douze PARLCD, avec la mobilisation de la coopération internationale (PNUD, Mécanisme Mondiale de l’UNCCD, GIZ, organisations non gouvernementales, etc.), ont été élaborés. Ils ont porté sur les régions de Gabès, Gafsa, Kairouan, Kasserine, Kebili, Kef, Médenine, Sidi Bouzid, Siliana, Tataouine, Tozeur et Zaghouan. La mise en œuvre de ces plans d’action et l’achèvement des actions préconisées connaissent des niveaux d’avancement variables selon les régions et se heurtent souvent à des contraintes financières. Néanmoins ces programmes régionaux ont permis :

  •  D’apporter un appui direct aux régions, dans le cadre du Plan Régional de Développement Economique et Social (PRDES), en matière d’analyse-diagnostic de la gestion des ressources naturelles, en tenant compte des exigences du PAN-LCD et du développement durable ;
  •  D’améliorer le processus de planification et l’homogénéisation des méthodes et approches d’intervention ;
  •  D’initier un processus de planification territoriale, intégré et participatif favorisant l’émergence d’une dynamique de planification des actions de développement en tenant compte des dimensions sociale, environnementale, économique et institutionnelle,
  • D’assurer un meilleur équilibre régional dans l’effort de LCD,
  • De prendre en compte l’approche préventive.

Plans d’Actions Locaux de Lutte Contre la Désertification (PALLCD)


La relation en matière de planification de LCD, entre le niveau national et régional, se retrouve lorsqu’on considère les niveaux régional et local. La prise en compte effective de la dimension sociale du développement implique l’impérativité qu’on devrait attribuer à la planification locale. Celle-ci demeure la plus sure pour impliquer et responsabiliser les principaux acteurs du développement, à savoir les populations locales. A cet effet, les PARLCD se sont déclinés en PALLCD.

L’élaboration des Programmes d’Action Locaux de Lutte Contre la Désertification (PALLCD) a débuté en par deux zones-test : le Ségui-Menchia dans le Gouvernorat de Kébili et Oued El Gssab dans le Gouvernorat de Kairouan. L’approche préconisée, relativement innovante en matière de planification du développement local, tenait compte des requis de la LCD  travers la prise en compte des dimensions environnementale, sociale, économique et institutionnelle locales. Il s’agit de faire en sorte que la planification et la mise en œuvre du PALLCD amènent à une:

  •  Appropriation de la dynamique de développement par les acteurs locaux ;
  • Exploitation durable des ressources naturelles et des écosystèmes fragiles menacés par la dégradation ;
  • Viabilité des systèmes et des activités économiques initiés dans le cadre du PALLCD ;
  • Organisation et une adaptation du cadre institutionnel pour la LCD et le processus du développement local.

L’élaboration de chacun des PALLCD a respecté le principe du partenariat entre les différents acteurs concernés à travers :

  •  L’information régulière et la sensibilisation des différents acteurs locaux directement concernés (Conseil de gestion, GIC, ALD, CSA, population….) ;
  •  La concertation et la négociation permanentes avec les différents partenaires impliqués (CRD, CLD, CRDA, DRE,….) ;
  •  La restitution-validation consensuelle des résultats des analyses établies et des propositions d’actions identifiées par les acteurs et institutions locales et régionales.

A la fin du processus de concertation, ont été finalisés  i) un cadre stratégique définissant les préalables à la valorisation et à l’exploitation durable des ressources naturelles du territoire concerné et ii) un programme opérationnel d’actions de développement économique et social répondant aux attentes des populations locales.

La mise en œuvre des deux PALLCD a contribué au renforcement des capacités des structures et des acteurs locaux et régionaux du secteur public, privé et associatif. Les résultats de cette expérience, conduite dans deux écosystèmes assez différents, sont la mise en œuvre :

  •  D’un processus d’apprentissage collectif impliquant tous les acteurs concernés par le développement du territoire en question ;
  •  D’un Programme participatif d’actions locales de développement et de lutte contre la désertification pour chacune des deux zones-test.

L’élaboration des deux PALLCD constitue une première expérience dont la reproduction dans d’autres zones de LCD nécessiterait des ajustements et des adaptations méthodologiques en fonction des spécificités de ces zones (i.e. plan d’action local  d’Ain Rabbaw dans le gouvernorat de Sidi Bouzid).

Un guide méthodologique pour l’élaboration d’un programme d’action local de LCD, s’appuyant sur les enseignements et les acquis tirés des expériences réalisées dans les deux zones-test a été élaboré.


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