Historique
Depuis le début du 20ème siècle, sous le protectorat déjà, plusieurs réalisations portant sur la fixation de dunes, aussi bien littorales, pour protéger les infrastructures et les terres agricoles avoisinantes que continentales, dans le but de protéger des oasis et des axes routiers ont été accomplies et continuent à l’être surtout pour les dernières. Elles ont permis la mise au point et le perfectionnement de paquets technologiques de lutte contre l’ensablement et de fixation de dunes dont l’efficience leur a valu adoption et application à l’étranger.
Ces formes de lutte contre la désertification n’ont pas tardé à connaitre, vers le milieu du même siècle, une consolidation de taille par l’application de plus en plus étendue de nouvelles techniques de lutte contre l’érosion hydrique, les technique des banquettes qui est venue s’ajouter aux techniques traditionnelles frappantes déjà très répandues dont les "Meskats3" du Sahel, les "Jessours" des Matmatas et du Sud Est en général, les "M'gouds" du Kairouanais.
Avec l’indépendance, et depuis 1960, l'Etat par le biais de la Direction Générale des Forêts, puis la Direction de la CES (créée en 1983) a pris en charge les travaux de CES qu'il continue à entreprendre jusqu'à présent ; l’évolution des démarches adoptées aussi bien pour la CES que pour les forêts et les parcours était dictée par celles de planification du développement socio économique, en général. En effet, après avoir été dominées par les préoccupations sociales (création d'emplois) dans les années 60, s’étaient les démarches d’aménagement qui ont prévalues d'aménagement dans les années 80 et, à partir des années 90, ce sont les démarches de développement durable qui sont adoptées et, pour ce faire, des stratégies nationales pour la gestion durable des différentes ressources naturelles en particulier ont du être élaborées.
La lutte contre la désertification, proprement dite, est intégrée, depuis l’avènement de la convention, dans toutes les stratégies sectorielles et, plus particulièrement, dans celles relatives à la protection des ressources naturelles (sol, eau, végétation). Les plus concernées sont :
- la stratégie de lutte contre l’érosion hydrique ou stratégie de conservation des eaux et des sols (CES) ;
- la stratégie de lutte contre l’ensablement, ou « fixation des dunes » ;
- la stratégie de développement «sylvo-pastoral»./
Sur un autre plan, la lutte contre la désertification est perçue actuellement à travers le renforcement des compétences et des institutions, le développement de la planification participative et la mise en œuvre de projets régionaux et locaux accompagnés d’un système de suivi évaluation. Par ailleurs, les observatoires de suivi écologiques et socio économiques de la désertification ont été développé.
Revue des principaux travaux réalisés et les actions mises en place pour la conservation des ressources naturelles
Les principaux travaux réalisés pour la conservation des ressources naturelles s’intègrent dans le cadre des stratégies nationales de conservation des eaux et du sol (CES), de lutte contre l’ensablement, de reboisement et d’amélioration des parcours.
Avant les années 80, bien que les populations soient conscientes des méfaits des ressources en sol qui sont vitales à leur survie, elles ont été peu associées aux programmes de conservation des ressources. Pour remédier à cette situation le gouvernement a été amené, au début des années 80, à concevoir des projets de développement rural où la conservation des ressources productives va de paire avec l’implication des producteurs.
Les principales actions menées pour la conservation des ressources en sol se résument dans les stratégies de CES et la lutte contre l’ensablement.
Les réalisations en matière de CES
La stratégie de lutte contre l’érosion s’est étalée sur deux décennies. La première de 1990-2001 et la deuxième de 2002 – 2011. Les principales actions menées figurent dans le tableau ci-dessous.
Travaux |
1ère stratégie |
2ème stratégie : 2002-2007 |
Total |
Aménagement des bassins versants |
892 573 ha |
430 207 ha |
1 322 744 ha |
Aménagement des terres à céréales |
70 494 ha |
70 494 ha |
72 612 ha |
Entretien et maintenance des terres aménagées |
338 496 ha |
169 076 ha |
507 572 ha |
Unité de recharge de la nappe phréatique et épandage des eaux |
3556 unités |
1999 unités |
5555 unités |
Lacs collinaires |
580 unités |
166 unités |
746 unités |
La réalisation de la 1ère stratégie nationale de conservation des eaux et du sol a nécessité 571,6 MD. Le rythme des réalisations est croissant pour toutes les actions comme le montrent les courbes ci-dessous.
Les réalisations en matière delutte contre l’ensablement
La lutte contre l’érosion éolienne dans le sud couvre plus de 7 millions d’ha. Les réalisations des 50 dernières ont concerné la protection des oasis, des périmètres irrigués, des villages et des axes routiers contre l’ensablement. Cette protection se résume en la création de dunes de sable artificielles de protection, leur fixation et l’installation de brise-vent. Les dunes artificielles jouent le rôle de brise-vent empêchent la déflation des sols sableux sensibles et l’ensablement des périmètres qu’elles protègent.
Pour la lutte contre la désertification, une nouvelle approche commence à se concrétiser depuis 2005. Elle consiste en la mise en œuvre d’une série d’initiatives horizontales visant essentiellement à appuyer les programmes sectoriels pour intégrer davantage la lutte contre la désertification.
Les réalisations en matière des forêts
Certaines de ces réalisations ont outre passé les buts pour lesquels elles ont été accomplies. C’est le cas, en particulier de la fixation des dunes littorales qui ont fini par donner lieu à des forêts assurant une fonction de production suffisamment intéressante pour justifier, depuis quelques décades déjà, leur aménagement. On en cite la forêt de Remel, la forêt de Dar Chichou et la forêt de Saouania-Ouchtata. C’est également le cas des rideaux abris routiers du Sud, établis à base d’Eucalyptus, qui font de plus en plus l’objet de valorisation mellifère.
D’autres réalisations, accomplies dans des perspectives de reconstitutions forestières et qui continuent d’être menées, ont permis, depuis l’indépendance, de doubler ou presque le couvert «peuplements forestiers». Il s’agit des reconstitutions des subéraies dégradées de la Kroumirie et des Mogods qui ont donné lieu à d’importantes forêts bien productives d’Eucalyptus, de pin pignon et d’autres résineux divers et, ailleurs, des reboisements de protection de bassins versants à base d’espèces diverses ou de reconstitution des pinèdes à pin d’Alep de la dorsale qui ont donné lieu à des forêts plus ou moins bien réussies.
De même, les brises vents qui quoique établis pour la protection de cultures se sont révélés, tant par la superficie équivalente aux sommes de leurs linéaires que par leur croissance, une importante source de bois.
Récemment, de nouveaux travaux l’ont été et se continuent, pour des objectifs de reconstitution à plus grande échelle, mais souvent plus intensifs, accompagnés alors de réalisations de compensations pastorales, donc sociales.
C’est dire qu’un reboisement de protection même, voire de LCD, est à même d’assurer une production suffisamment intéressante pour servir comme vecteur de développement économique.
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