Dans son article 8 la convention sur la lutte contre la désertification invite les parties à coordonner des activités avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la diversité biologique, « afin de tirer le meilleur profit des activités prévues par chaque accord tout en évitant les doubles emplois. Les Parties encouragent l’exécution de programmes communs, en particulier dans les domaines de la recherche, de la formation, de l’observation systématique ainsi que de la collecte et de l’échange d’informations, dans la mesure où ces activités peuvent aider à atteindre les objectifs des accords en question ».
Les organes directeurs de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification ont souligné l’importance de la promotion des synergies entre les trois conventions aux niveaux local, national et international (UNEP/CBD/SBSTTA/10/INF/9).
Les changements climatiques, la désertification et la dégradation des terres sont d’importantes causes de l’appauvrissement de la diversité biologique. La conservation et l’utilisation durable de cette diversité peut contribuer à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques (i.e. séquestration du gaz carbonique) et à la lutte contre la désertification (i.e. évitement de dégradation des sols et de leur couvert végétal) induisant un appauvrissement des sols.
La collaboration et la coordination entre les institutions/structures nationales chargées de la mise en œuvre de chaque convention sont nécessaires pour renforcer leurs capacités, améliorer la cohérence des politiques et promouvoir la réalisation d’objectifs et programmes complémentaires entrant dans le cadre de ces trois conventions.
Des possibilités de coopération à différents niveaux entre les trois conventions peuvent être envisagées au niveau national. Elles concernent à titre d’exemple:
- Le transfert de technologie par l’échange d’expériences, d’informations et de l’identification de technologies revêtant un même intérêt et une même importance ;
- La recherche et le partage de données ;
- L’identification de mécanismes de collaboration entre les trois conventions avec les stratégies nationales de gestion durable des forêts. Ces stratégies constituent une composante de lutte contre la désertification (activités pour limiter l’érosion hydrique des sols, repeuplement de terrains dégradés,...) et d’atténuation et d’adaptation au changement climatique (activités de boisements, reboisements, restauration de la biodiversité,...) ;
- L’élaboration d’accords multilatéraux sur la protection de l’environnent et le développement durable.
La stratégie tunisienne, pour la mise en œuvre des synergies entre les trois conventions de Rio, après avoir identifié des points de similitudes entre elles, les cadres législatifs et institutionnels nationaux et les capacités nationales associées, a formulé des orientations stratégiques pour la promotion des trois conventions.
Elle propose :
- Le renforcement de la coordination entre les trois conventions par la mise en place, au sein du Ministère chargée de l’environnement, d’une structure nationale qui assure la synergie et incluant les trois points focaux de ces conventions ;
- Le renforcement du comité régional de lutte contre la désertification pour qu’il puisse jouer un rôle de comité régional de développement durable ;
- L’harmonisation des systèmes d’observations précoces et de bases de données d’alerte qui devrait conduire à des systèmes nationaux d’information environnementale qui s’intégreraient dans les systèmes existants ;
- Une approche d’intervention par écosystème pour la mise en œuvre de projets complémentaires sur la diversité biologique, le changement climatique et la désertification ;
- La sensibilisation du public par l’élaboration de guides, la production et la diffusion de supports de sensibilisation communs aux trois conventions ;
- Le renforcement de la coopération régionale dans un cadre synergique pour appuyer la mise en œuvre coordonnée et efficace des conventions ;
- Le développement et le renforcement des capacités en matière de recherche scientifique combinant des objectifs de conservation de la biodiversité, de lutte contre la désertification et l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques ;
- Le renforcement de la commission nationale sur le développement durable pour promouvoir ses activités principales et fédérer les synergies.
La stratégie a aussi identifié des axes stratégiques de renforcement des capacités en matière de synergie (i.e. l’ingénierie des projets de synergie, la mobilisation des ressources financières, la communication et la sensibilisation, la recherche,...). Elle a aussi et a proposé des programmes prioritaires à mettre en œuvre pour promouvoir les synergies entre les trois conventions.